« Lundi soir, la nuit était noire comme de l’encre, il n’y avait pas de lune, juste quelques étoiles. La mer était calme et semblait vide. Pourtant, une embarcation dérivait avec 83 personnes à son bord : des hommes, des femmes, des enfants dans l’immensité de la Méditerranée. Le bateau pneumatique, surchargé, prenait l’eau et était sur le point de chavirer lorsque nos équipes sont intervenues. »Fabienne Lassalle, Directrice Générale adjointe de SOS MEDITERRANEE est actuellement à bord de l’Ocean Viking, elle témoigne : « Le plus jeune des passagers de cette embarcation a 4 mois. Parmi les personnes rescapées il y a un tiers de mineurs, dont la plupart voyagent seuls. Ce ne sont pour beaucoup encore que des enfants en recherche de sécurité, certains m’appellent même Maman. Hier matin, sur le pont un petit groupe de rescapés se sont mis à chanter et danser. »Les autorités italiennes ont d’abord désigné le port de Gênes comme lieu sûr de débarquement, imposant à l’Ocean Viking un voyage de quatre jours depuis la zone d’opérations. Au vu de la vulnérabilité des personnes rescapées et notamment du nombre de mineurs à bord, nous avons demandé l’assignation d’un port plus proche.Malheureusement, seul un débarquement partiel nous a été concédé : 39 enfants et leurs familles ont ainsi été transféré.e.s dans la matinée vers un bateau des garde-côtes italiens, au large du port sarde d’Olbia. L’Ocean Viking a repris sa navigation vers Gênes où il doit accoster demain à la mi-journée, avec les 44 personnes rescapées qui demeurent à bord.Nous déplorons cette décision de traitement différencié, qui est injustifiable : elle ne se fonde pas sur l’intérêt des personnes, qui se trouvent toutes en situation de grande vulnérabilité après la traversée particulièrement périlleuse et les violences qu’elles ont subies en Libye.
Avec SOS MÉDITERRANÉE
