Au moment le Premier ministre annonçait de bonnes nouvelles entre le Sénégal et ses veilleurs avec leur venue prochaine à Dakar et une réunion au cours de laquelle le ministère des finances s’est entretenu avec près 371 partenaires, la note de Moody’s est tombée comme un couperet. Cette note, met en avant les premières conséquences du rapport de la Cour des Comptes.
Selon plusieurs sources, l’agence de notation Moody’s a annoncé, vendredi soir, la dégradation de la note du Sénégal, qui passe désormais à B3 avec une perspective négative. Cette décision clôture la revue engagée par l’agence. La perspective négative reflète les risques liés à la détérioration de la situation fiscale et à la liquidité du gouvernement sénégalais. Cette dégradation s’explique par la révélation de paramètres budgétaires nettement affaiblis, mis en lumière par la Cour des comptes. La note B3, considérée comme très spéculative, indique un niveau de risque de crédit élevé. Il s’agit de la plus mauvaise notation attribuée au Sénégal depuis au moins deux décennies. Cette décision aura des conséquences directes sur les conditions d’emprunt du pays. Dakar devra désormais se financer à des taux d’intérêt plus élevés, pouvant atteindre des niveaux à deux chiffres, les prêteurs intégrant désormais le risque accru de défaut de paiement dans leurs calculs.
Le ministère dément » Moody’s maintient la note Ba3″
C’est dans un communiqué sur son site et sur celui du Trésor que le ministère des finances a apporté un démenti selon lequel, Dakar conserve sa note Ba3.
Le Sénégal conserve la note Ba3 de Moody’s, ‘’avec une perspective négative liée à la Covid-19’’, a-t-on appris vendredi du ministère sénégalais des Finances et du Budget.
‘’L’agence de notation financière Moody’s maintient la note du Sénégal à Ba3, avec une perspective négative’’, écrit ce département ministériel dans un communiqué dont nous avons pu parcourir les lignes.
‘’Cette révision de la perspective intervenue ce vendredi est consécutive au creusement du déficit budgétaire qui passe à 6,1% en raison des mesures de soutien aux entreprises et aux ménages pour endiguer les effets de la pandémie de Covid-19’’, explique le communiqué.
Le ministère des Finances et du Budget rappelle que l’agence de notation et d’analyse financière américaine ‘’avait mis sous surveillance, en juin dernier, les notes du Sénégal et de la Côte d’Ivoire après leur adhésion à l’Initiative de suspension du service de la dette lancée par les pays du G20’’.
Il tient à souligner que depuis le début de la crise sanitaire, le Sénégal a engagé d’importantes dépenses dans le cadre du Plan de résilience économique et sociale (PRES), qui est ‘’doté d’un budget de 1.000 milliards de francs CFA’’, dans le but de soutenir le secteur de la santé, les populations vulnérables, les Sénégalais vivant à l’étranger, la stabilité macroéconomique et financière, etc.
Le PRES a été financé avec l’aide de la communauté internationale, les dons et contributions des bonnes volontés et le recours aux instruments de financement disponibles sur le marché, selon le communiqué.Le ministère des Finances et du Budget estime que la mise en œuvre du Plan de relance économique nationale, que le gouvernement est en train d’élaborer, ‘’devrait renforcer les conditions de stabilité macroéconomique’’ du Sénégal et favoriser une ‘’reprise économique porteuse de croissance, qui positionnerait le [pays] sur sa trajectoire d’avant la crise sanitaire’’.‘
’Le Sénégal, qui est aujourd’hui considéré sur les marchés financiers sous-régional et international des capitaux comme un émetteur étatique de référence, a toujours respecté ses engagements financiers auprès de ses créanciers’’, souligne la même source.