Un leadership éclipsé : Appel au réveil présidentiel
Monsieur le Président,
Le 2 avril 2024, porté par la volonté du peuple sénégalais, vous accédiez officiellement à la magistrature suprême. Ce jour-là, des espoirs immenses accompagnaient votre investiture, et beaucoup croyaient que votre arrivée marquerait une rupture véritable, une gouvernance nouvelle, bâtie sur l’humilité et le progrès.
Un an plus tard, en ce 2 avril 2025, où en sommes-nous ? Ce qui devait être une année de transformation s’est mué en désillusions profondes. Votre discours inaugural, empreint de promesses ambitieuses, résonne aujourd’hui comme un écho lointain. Vous vous engagiez à gouverner avec rigueur, loyauté et humilité. Pourtant, la dissolution de l’Assemblée nationale, perçue comme une manœuvre pour protéger votre Premier ministre et mentor, Ousmane Sonko, a semé le doute sur votre indépendance et votre capacité à diriger.
Monsieur le Président,
Ce 2 avril 2025, qui aurait dû symboliser un tournant historique, est devenu le symbole d’un leadership éclipsé.
La réconciliation que tout le monde attendait a fondu comme neige au soleil. Les divisions sont encore plus profondes, laissant place à un régime Pastef, par les pastalibés et pour les pastalibés, au détriment de tous les Sénégalais. Vous aviez pourtant promis, avec force et fermeté, d’être le président de tous, un leader rassembleur, et non celui d’un groupe partisan. Cette promesse, Monsieur le Président, s’est évaporée, laissant derrière elle un sentiment de trahison et d’exclusion.
Votre Premier ministre, l’homme fort de votre régime, refuse de signer un décret de nomination d’un leader de votre ex-coalition présidentielle, sous prétexte que ce dernier aurait tenu, sous le régime Sall, des propos jugés comme un crime de lèse-majesté par votre gourou. Cette décision, loin d’être anodine, est une faute grave qui aurait dû être sanctionnée par son limogeage immédiat. Mais, Monsieur le Président, comment sanctionner celui qui semble tenir les rênes de votre régime ?
Si réellement vous estimez que vos épaules sont trop faibles pour supporter la lourde charge de diriger un État comme le Sénégal, au point de vouloir transformer votre fauteuil en canapé pour deux et de confier certaines de vos prérogatives à votre mentor de Premier ministre, alors, Monsieur le Président, ayez l’humilité de reconnaître cette incapacité et démissionnez ! Le Sénégal mérite un chef d’État pleinement engagé, qui assume avec force et dignité l’immense responsabilité qui lui a été confiée.
Vous avez trahi vos engagements en dissolvant l’Assemblée nationale, évitant ainsi à votre Premier ministre de se confronter à sa déclaration de politique générale. Les levées d’immunité parlementaire ciblées, la politisation du Pool judiciaire et financier et l’impunité accordée à vos partisans ont érodé la confiance des Sénégalais.
La presse, pilier de la démocratie, a été déstabilisée par des attaques contre des groupes médiatiques, des journalistes et des chroniqueurs. Pendant ce temps, votre mentor a propagé l’immense mensonge de la falsification présumée des finances publiques, sans que vous ne le contredisiez.
Avant cette dissolution, vous aviez sollicité un avis du Conseil Constitutionnel sur l’organisation d’élections législatives anticipées. Cet avis, jalousement gardé plus de 60 jours avant sa publication, a permis à votre camp de se préparer soigneusement, tandis que l’opposition était prise de court. Ce déséquilibre flagrant a démontré une rupture avec l’équité attendue d’un chef d’État.
En renonçant à votre poste de Secrétaire Général du Pastef, beaucoup espéraient vous voir agir en père de la nation, garant de l’égalité politique. Or, cette élection était jouée d’avance, avec une transhumance politique spectaculaire vers votre camp, une première dans l’histoire du Sénégal. Vous aviez aussi promis de ne pas siéger au Conseil Supérieur de la Magistrature, parmi d’autres engagements que vous avez reniés.
Un peuple désabusé, une économie à genoux
Monsieur le Président, avez-vous mesuré l’ampleur de la détresse que vos décisions ont engendrée ? Des Sénégalais, du jour au lendemain, ont perdu leur emploi, leur dignité, et avec eux, leurs familles ont vu leur monde s’effondrer. Imaginez un père de famille, accablé par les échéances d’un prêt bancaire qu’il ne peut plus honorer. Une mère, les larmes aux yeux, devant des étagères vides, incapable de remplir le panier d’épicerie pour nourrir ses enfants.
Ces familles, Monsieur le Président, doivent affronter des frais scolaires qu’elles ne peuvent plus payer, des loyers qui s’accumulent, des factures médicales qui restent impayées. Les enfants, eux, regardent leurs parents avec des questions silencieuses, des questions auxquelles il n’y a plus de réponses.
Jamais une fête de Korité n’a été aussi décevante, aussi vide de joie. Là où autrefois régnait l’effervescence des préparatifs, il n’y avait cette année que des visages marqués par l’inquiétude et la résignation. Ce n’est pas seulement une économie qui s’effondre, Monsieur le Président, c’est l’âme d’un peuple qui vacille.
Malgré les pressions du FMI et de la Banque Mondiale, vos prédécesseurs Wade et Sall ont toujours refusé de lever les subventions destinées à des secteurs vitaux pour les populations sénégalaises. Ironie du sort, le Pastef, qui dénonçait ces institutions financières internationales lorsqu’il était dans l’opposition, a accepté leurs conditions, entraînant le Sénégal dans une dynamique d’ajustements structurels. Cette décision, loin de soulager les Sénégalais, aggrave la morosité économique.
Le charisme de nos anciens présidents, qui savaient défendre les intérêts du Sénégal tout en préservant sa dignité, a cédé la place à une gouvernance dégradante, sans impact sur une diplomatie désormais quasi inexistante.
Un appel au sursaut
Monsieur le Président, il est encore temps de redresser la barre. Gouverner n’est pas un privilège, mais une responsabilité immense. Comme le disait Nelson Mandela : « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une manière qui respecte et renforce la liberté des autres. » Votre rôle est de garantir cette liberté, non de la compromettre.
Le Sénégal a besoin d’un leader qui s’impose, qui incarne pleinement son autorité et qui redonne confiance à un peuple désabusé. Ce pays, forgé par des siècles de résilience, mérite un président qui rallume la flamme de l’espoir et trace une vision claire pour l’avenir.
Comme le disait John F. Kennedy : « Le courage et la conviction sont les armes des grands dirigeants ; la passivité et l’hésitation sont les chaînes qui entravent le progrès. »
Monsieur le Président, nous souhaitons que vous marquiez l’histoire politique du Sénégal et non un grain de poussière que le vent du temps balayera d’un coup.
Dr Papa D. FAYE, Citoyen engagé
Courriel : papa.faye6369@gmail.com