Comment se fait-il qu’un ministre, représentant du pouvoir Exécutif, puisse décider de quelle presse est conforme ou non aux dispositions du Code de la presse, alors même que la presse est censée constituer un contre-pouvoir ?
Le Code de la presse considère comme conforme un organe disposant de contrats de travail pour ses employés et dirigé par un Directeur de Publication ayant au moins dix ans d’expérience dans le secteur. Mais qu’en est-il du jeune journaliste fraîchement diplômé du CESTI, qui souhaite lancer sa propre entreprise de presse avec pour seuls outils un smartphone et de la volonté ?
Pourtant, l’article 11 de la Constitution sénégalaise est clair : « La création d’un organe de presse pour l’information politique, économique, culturelle, sportive, sociale, récréative ou scientifique est libre et n’est soumise à aucune autorisation préalable. »
Prenons l’exemple récent de BuurNews, un média en ligne aujourd’hui reconnu par l’État, dont j’ai personnellement suivi les débuts : un seul homme, Buurr, un téléphone et un trépied. Pourtant, sous le régime de Macky Sall, il a bénéficié de temps et d’un accompagnement qui lui ont permis de s’imposer sur la scène médiatique. Et des exemples comme celui-là, il en existe des centaines à travers le pays.
Pensons à tous ces jeunes qui rêvent de suivre cette voie, de créer leur propre groupe de presse à l’image de Bougane Gueye Dany, maimouna ndour faye, Youssou ndour etc.
On parle aujourd’hui de 381 organes de presse « non conformes ». Je dirais qu’il y en a des milliers. Le ministère ne prend pas en compte tous ceux qui, dans les régions, départements, communes et villages, créent des contenus, lancent des médias en ligne, et génèrent des revenus grâce à des plateformes comme YouTube.
Dans ma commune de Tivaouane, je peux citer une dizaine de ces médias : Ndokh Tv TV, GP tv TV, PMC TV, DIAMU TV, Groupe Damels ECHOS TV, ÉTOILE TV, BEGLEEN TV, entre autres.
Il faut donc rappeler à ce petit ministre Alioune Sall et au super fort Premier ministre Ousmane Sonko que la presse est un contre-pouvoir. Il est donc profondément paradoxal, voire inquiétant, qu’un pouvoir politique s’arroge le droit de décider qui peut ou non exercer ce droit fondamental garanti par la Constitution, ou tente d’effacer les voix qui dérangent.
Ardo Gningue