Vingt organisations de la société civile sénégalaise ont demandé mardi à Dakar un report de l’examen, prévu mercredi, de la révision de la loi d’amnistie couvrant les violences politiques meurtrières entre 2021 et 2024, pour permettre des concertations sur le sujet.
Cette loi d’amnistie avait été adoptée en mars 2024, dans les dernières semaines de la présidence de Macky Sall (2012-2024), afin d’apaiser les années de tensions politiques qui ont culminé à l’approche de l’élection présidentielle de mars 2024.
Le régime du président élu Bassirou Diomaye Faye avait promis d’abroger cette loi « pour que toute la lumière soit faite et les responsabilités établies de quelque bord qu’elles se situent », selon les mots du Premier ministre Ousmane Sonko en décembre devant les députés.
Mais c’est finalement « une proposition de loi interprétative » modifiant ce texte, portée par un député du parti Pastef, qui sera examinée mercredi dans l’Assemblée nationale où cette formation au pouvoir dispose d’une majorité absolue.
Les 20 organisations, parmi les plus représentatives du pays, demandent un « sursoit à l’examen de la proposition de loi », dans un communiqué signé notamment par Afrikajom center de Alioune Tine, une figure de la société civile en Afrique, et le collectif Y en a marre qui a été en pointe dans la lutte contre un troisième mandat du président Abdoulaye Wade (2000-2012).
Elles appellent les acteurs à « engager un dialogue constructif » sur la question. Pour elles, « il est essentiel que la lumière soit faite » sur les violences meurtrières, que les auteurs des violences « soient tenus responsables de leurs actes » et qu’il y ait une « indemnisation des victimes ».
En cas d’adoption de la loi, les meurtres, assassinats, actes de torture et de barbarie, ou encore les disparitions forcées seront exclus du champ de l’amnistie.
Au moins 65 personnes ont été tuées – dont 51 par balles, en grande majorité des jeunes – pendant les manifestations à l’appel de l’opposition, selon le bilan établi par un collectif réunissant des journalistes et scientifiques. Nombre de jeunes ont aussi été blessés ou détenus