12 février 2025, un drame sanglant s’est joué dans la forêt d’Emaye, à proximité du parc protégé de la Basse Casamance, lorsque des combattants indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) ont tendu une embuscade meurtrière à une unité de l’armée sénégalaise. Au moins quatre militaires, dont un officier, ont perdu la vie dans cette attaque, qui a plongé la Casamance dans une nouvelle tragédie humaine.
Les soldats sénégalais, pris au piège dans cette forêt dense et impénétrable, ont été encerclés par des combattants du MFDC parfaitement préparés et familiers du terrain. Incapables de coordonner une défense efficace, ils ont été fauchés par un feu nourri, transformant leur dernière mission en un véritable enfer. Ce raid brutal ne fait que souligner les difficultés persistantes d’une guerre qui, depuis plus de quatre décennies, continue de ravager la patrie d’Aline Sitoé Diatta.
Un officier supérieur des forces de défense et de sécurité, qui a souhaité garder l’anonymat, a confié à notre rédaction que le bilan humain pourrait être bien plus lourd que celui annoncé : « Nous avons décompté ce matin une dizaine d’absence en appel de nos soldats. Et les premières enquêtes pour savoir ce qui s’est vraiment passé sont en cours. Plusieurs questions se posent quant à l’opportunité de cette opération, alors que notre commandement a entamé des activités pour se rapprocher des populations et préserver les acquis de paix. Un dysfonctionnement dans la chaîne de commandement semble probable, mais il est encore trop tôt pour faire des conclusions. »
Cette embuscade survient dans un contexte tendu, marqué par une escalade des violences et un climat de méfiance croissante entre les autorités sénégalaises et la population casamançaise. Les militaires, de plus en plus exposés, peinent à contrer la résistance farouche du MFDC, qui semble redoubler de détermination à défendre son idéal indépendantiste.
La Casamance, déjà meurtrie par des décennies de guerre, se trouve aujourd’hui au cœur de vives tensions entre le gouvernement de Bassirou Diomaye Diakhar Faye et les indépendantistes. Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel président et de son Premier ministre, Ousmane Sonko, la Casamance est devenue un champ de bataille où les espoirs de paix semblent s’éloigner chaque jour un peu plus. En avril 2024, leur prise de pouvoir a marqué un tournant dans le conflit, avec une intensification des violences, particulièrement au nord de la Casamance, où plus de 2000 civils ont été contraints de fuir en raison des bombardements de l’armée sénégalaise.L’attaque de la forêt d’Emaye vient rappeler la fragilité de la situation en Casamance, où chaque tentative de paix semble se heurter à une réalité plus violente. Les gouvernements sénégalais successifs, loin de privilégier un véritable dialogue avec les populations locales, semblent vouloir continuer une guerre sans fin, laissant la province dans un état de chaos. L’ombre de la guerre continue de hanter la Casamance et le Sénégal, et aucune solution durable ne semble émerger à l’horizon.Ce nouvel épisode tragique est un message clair : tant que la Casamance restera sous le joug d’une politique de répression et de domination étrangère, le sang continuera de couler.
Avec Antoine Bampoky